Vendredi 17 février devait avoir lieu un Conseil d’Administration de l’Université Lyon 2, qui ne s’est finalement pas tenu grâce à l’irruption de près de 200 étudiant.es – la plupart de la faculté de psychologie- décidées à empêcher le vote instaurant la sélection à l’entrée du master 1. La Présidence convoque finalement un Conseil d’Administration exceptionnel ce vendredi 3 mars pour tenter de faire passer ce le vote.
Le 24 décembre dernier a en effet été publié au Journal Officiel la loi autorisant la sélection à l’entrée du master. Cette loi, destinée à être appliquée dès la rentrée 2017/2018 est en cours d’adoption dans les universités.
Désormais les facultés pourront ainsi sélectionner – quand certains préfèrent parler de « recruter » – à l’entrée du master 1 via concours, admission sur dossier et éventuel entretien.
Les universités doivent en conséquence fixer le niveau des « capacités d’accueil » dans chaque master. Une fois le seuil atteint, plus aucune admission dans le master souhaité ne sera possible.
L’étudiant.e refusé.e n’aura plus qu’à tenter une « réclamation » par le biais d’une plateforme en ligne et le rectorat devra formuler trois propositions de master à intégrer, à l’échelle de l’académie, (un.e étudiant.e de Lyon peut ainsi se voir proposer une formation à Clermont ou Grenoble) «selon le projet professionnel de l’étudiant.e» et «les prérequis du master» dans des formations « ayant des places vacantes ». Tant pis pour celles et ceux qui n’auront pas les moyens de se loger à des centaines de kilomètres de leur foyer.
Comme souvent, la loi vient en fait légaliser – pour couvrir et généraliser – des pratiques qui existaient jusqu’ici déjà, en toute illégalité. Depuis quelques temps, les universités se plaignaient de se faire condamner par les tribunaux pour des étudiant.es dont l’inscription en Master 2 avait illégalement été refusée. La loi est ainsi venue les rassurer ! Actuellement, la logique de sélection en licence est la même. Cette année déjà, des milliers de lycéen.nes sont resté.es sans inscription, ou pas dans la filière de leur choix !
La sélection en licence risque ainsi d’être demain légalisée, comme elle l’est aujourd’hui pour les masters.
Une sélection, sociale, s’opère déjà bien évidemment à l’université…
Les étudiant.es salarié.es sont ainsi de fait, plus de la moitié à échouer, à se faire ainsi petit à petit éliminer, par épuisement ou abandon forcé. Sans même parler des étudiant.es sans papiers, dans la crainte à chaque instant de se faire contrôler… Comment dans ces conditions réussir son année ?
… Qui va de fait s’aggraver !
L’instauration de capacités d’accueil limitées va ainsi compliquer la poursuite d’études pour la majorité, à l’heure où déjà beaucoup se voyaient refuser l’inscription au motif de « capacités d’accueil insuffisantes ».
L’instauration de capacités d’accueil va de fait accroître la concurrence entre étudiant.es.
Dans un certain nombre de filières, le niveau des capacités fixé est déjà largement inférieur aux nombre d’étudiant.es inscrit.es cette année !
Pour les filières où les capacités d’accueil resteraient inchangées, il convient de noter qu’à tout moment ces capacités pourraient être diminuées. Si aujourd’hui seule une fraction des étudiant.es peut se sentir concernée, demain n’importe qui peut être touché. Il faut d’ailleurs souligner que le nombre de demandes d’inscriptions est en augmentation chaque année. Les étudiant.es seront ainsi toujours plus nombreux.ses à être appelés à se voir recalé.es…
L’objectif recherché depuis plusieurs années est en effet de réajuster les capacités en fonction des débouchés. Un certain nombre de places ou de filières seront donc de fait appelées à être supprimées, au nom de leur utilité (selon ceux bien sûr qui dirigent cette société), c’est-à-dire des « réalités du marché ». Et il faut dire qu’en ces temps, le marché est plutôt à ce que les jeunes rejoignent l’armée, que les bancs de l’université… Tout un projet de société !
L’intensification de la concurrence comme projet de société…
L’intensification de la concurrence qui sera engendrée était en fait un des principaux arguments de la Présidence pour tenter de faire adhérer les étudiant.es au principe de sélectionner.
Ainsi, dans un hypothétique espoir de sauver sa place, chacun.e est invité.e à sacrifier les autres… !
Une fraction des étudiant.es serait prêt.es à accepter la sélection… mais reportée d’une année, dès lors qu’ils/elles ne seront pas touché.es.
La Présidence a pourtant été assez explicite sur le fait que les capacités d’accueil seraient progressivement sérieusement réduites, notamment en faculté de psychologie. Les actuels L1, L2 et futurs étudiant.es pâtiraient de fait directement d’un tel « compromis ».
Certain.es pouvaient encore défendre la sélection, selon la logique de la « préférence locale », afin de se protéger de la concurrence des étudiant.es venu.es d’ailleurs !
La présidence a d’ailleurs largement argumentée en ce sens, en jouant sur les peurs des étudiant.es, dans l’espoir de les dissuader d’empêcher le vote de la sélection : « si on ne vote pas ici, alors qu’à Clermont, Grenoble, des capacités d’accueils limitées ont été voté, les étudiant.es recalé.es ailleurs viendront ici ».
Pour s’assurer une hypothétique place en Master, les étudiant.es devraient dès lors se faire les complices de fermer la porte de l’université à d’autres étudiant.es…
A Nanterre, la présidence a plutôt essayé de jouer dans la « préférence nationale » en faisant voter l’impossibilité pendant une année aux étudiant.es étranger.es de postuler à l’entrée du Master ! Face à la mobilisation des étudiant.es la Présidence a finalement été contrainte de reculer.
Comme ça, on pourra à l’infini imaginer différents critères discriminants qui permettront de trier…
Nous devons tous et toutes revendiquer : « avec ou sans papiers, une place pour tous et toutes à l’université dans la filière de son choix ! »
Nous devons revendiquer des moyens pour l’université !
La fusion des universités actuellement en cours va entraîner les mêmes logiques selon l’aveu même de la présidente de l’université (possibilité de sélection dès la L1, risque de hausse des frais d’inscriptions, etc.).
Dans le cadre de cette restructuration, les personnels voient leur charge de travail augmentée, leurs conditions de travail se dégrader, les étudiant.es leurs droits diminuer… Etudiant.es, personnels des universités, nous devons donc tous et toutes ensemble lutter !
Le chacun pour soi c’est tout le monde dans la galère.
C’est tous ensemble qu’on est touché, c’est tous ensemble qu’on doit lutter !
Pour le droit pour tous et toutes, avec ou sans papiers, d’étudier dans la filière de son choix !!
Du fric pour les facs et les lycées, pas pour les flics et l’armée !